25- Traversée Cabo Verde-Barbados
Un peu plus de 2000 Milles à parcourir. Secrètement nous espérons mettre une douzaine de jours, raisonnablement 15 serait tout à fait normal, mais 20, c’est le nombre que l’on donne à la famille. Inutile de l’inquiéter parce qu’une petite accalmie ou incident technique fait chuter la moyenne…
Côté cambuse traversée:
Protéines: poissons frais à volonté via une ligne de pêche montée sur joli moulinet fixé au balcon; une épaule de pata negra bien entamée, 1 kg morue salée, des chorizos, un bon sachet d’ oreilles de cochons frites et pimentées, 9 conserves de poissons homemade, 36 œufs et si cela ne suffit pas, nous ouvrirons les boites du commerce (thon, sardine, maquereau, poulpe…), les boites de confit de canard, les foies gras… mais bon, on va essayer d’en garder pour Noël !!
Légumes: courgettes, carottes, salade pour le début, puis tomates et aubergines (achetées les moins mûres possibles), concombres, un genre de potiron, ignames, manioc, patates douces, fruit à pain, des haricots secs…
fruits: bananes vertes (plusieurs lots pour plusieurs stades de maturité), 2 pastèques, oranges, citrons verts et jaunes ( ça mûrit trop vite), pommes, poires… amandes, abricots secs…
3 kg farine, 4 kg de riz, 4 kg de pâtes, 2 kg de semoule, 20 yahourts longue conservation, plein de vache qui rit ainsi que du super bon fromage de chèvre capverdien, du pain frais, pain de mie, biscottes et petits pains suédois
les inconditionnels: ail, oignons, piments, épices en tout genre, huile d’olive (de Bonifacio), chocolat (surtout pour Géraldine) , des barres céréalées ( surtout pour Henri), des jus de fruits, des bières, du thé, de la verveine…
les petites friandises: Toblerone, pâte de goyave, confiture d’orange-carotte (à tomber…)
Et j’en oublie… Ce n’est plus un bateau, c’est une épicerie complète… On peut même dépanner les voisins…
Eau potable: 60 litres en grosses bouteilles
Eau dessalinisée du Cap Vert: 350 litres répartis dans 3 réservoirs inox. En principe pour la toilette, le rinçage de la vaisselle, éventuellement potable en rajoutant des pastilles purifiantes.
Côté confort à bord:
Pour l’électricité nous savons que ce sera un peu galère. Nous regrettons déjà de ne pas avoir ni pile à combustible à 3000 €, ni hydrogénérateur à 1500 €, ni groupe électrogène (idées pour Noël… très chers amis !!!).Nous avons pour toute autonomie nos panneaux solaires de 200 w qui rechargent les batteries quand il fait soleil, si celui-ci ne joue pas à cache-cache avec la voile ou les nuages. Nous avons donc prévu de compléter si nécessaire en faisant tourner le moteur 1 heure par jour soit 50 litres environ de gasoil. Si ce n’est pas suffisant nous couperons le frigo et si ce n’est toujours pas suffisant nous barrerons nuit et jour !!! (même pas en rêve!!)
Le reste des 150 litres de gasoil embarqué ne doit être utilisé que pour les derniers jours, si nous sommes prêts du but car l’autonomie est de 48 heures de moteur ce qui permettrait de faire environ 240 milles.C’est à peine le dixième de la traversée donc inutile de griller les cartouches trop tôt d’autant plus que le moteur est aussi un élément de sécurité non négligeable.
jour 1: 04 Décembre:
Voilà le bateau est prêt , nous quittons Tarrafal de Sao Antao à 12 heures UTC . Nous allons utiliser l’heure UTC pendant le voyage. nous verrons donc régulièrement le soleil se lever et se coucher de plus en plus tard au rythme de 1 heure tout les 15° vers l’ouest parcourus. Mais bon, le soleil se cache et la visibilité n’est pas terrible (2 milles maxi).
Tsaelou et son équipage sont sur notre travers. Nous essaierons de ne pas nous perdre de vue ou plutôt de portée de VHF. Mais il y a peu de risque, nous savons déjà que les deux bateaux ont sensiblement les mêmes vitesses, le catamaran est un peu avantagé quand le vent forcit et nous quand le vent faiblit… Nos précédentes navigations ensemble nous ont démontré que les deux s’équilibrent…
Départ au moteur pour se dégager du dévent de l’ile que nous quittons et atteindre le flux des alizés. Il faudra presque 2 heures pour que les voiles se gonflent. C’est parti pour la glisse… Tudo bom… Le bateau file déjà à 8 nœuds, grand largue avec 20 nœuds de vent réel et une mer formée. Dans cette agitation de vague entre-croisées, nous mangeons un gros-yeux et un rouget pêchés hier tard, lors de notre dernière plongée au Cap Vert, avec Gaël .
jour 2:
La nuit continue un peu trop agitée!!! Les vagues écument en nous rattrapant, des exocets volent simultanément de part et d’autre de Calico jack et certains distraits s’échouent sur le pont du bateau en nombre impressionnant… Le matin nous en trouvons même des tout petits de quelques 2 ou 3 cm de long et un gros de la taille d’un beau maquereau. Celui-là sera notre repas de midi accompagné de racines diverses cuites à la cocotte. Le fameux fried flying fish, plat réputé de la Barbade… Nous avons pris la recette sur le torchon…
Côté pêche, nous perdons le bas de ligne après une grosse touche, nos fantasmes nous laissant imaginer un joli thon… Henri avait accroché un exocet trouvé sec sur le pont en plus du leurre habituel. Résultat le bas de ligne acier confectionné par Michel est parti avant d’avoir fait ses preuves, l’émerillon a cassé net…
Partie de Backgammon.Géraldine remporte la partie brillamment…
jour 3: Saint-Nicolas
Le vent a faiblit dans la nuit et nous rattrapons le retard de 5 milles que nous avions sur Tsaëlou. Puis nous prenons 5 milles d’avance à notre tour avant d’affaler la GV pour ralentir Calico Jack, laissant seulement le génois.
Géraldine sort sa boite de pêche contenant les magnifiques hameçons doubles achetés à Mindelo, un vieux bag in box ramassé à Tarrafal et un fil nylon grosse section trouvé par hasard… un bas de ligne maison avec lanières de plastique argenté et une perle orange, bien disco années 80, ça devrait le faire… Elle lui donne le nom de Patrick Hernandez… En fin d’après-midi, une dorade coryphène femelle de 60 cm se laisse tenter par les paillettes et paf !! voilà deux repas pour deux ! Un peu de rhum du cap vert dans les ouïes de notre invitée, calmée la bête. Disons qu’elle ne s’est pas plaint . Disons que cette solution qui peut paraitre saugrenue fonctionne à merveille et nous évite des assassinats trop gores à coup de manivelle de winch… Là au moins, c’est en douceur et c’est radical! Etripage écaillage en suivant.
Dîner capverdien, sodade: dobrada com feijaos, plat de tripes typique de l’archipel, accompagné du fruit de l’arbre à pain ramassé à Sao Antao. C’est délicieux en tranches et grillé à la poêle avec un filet d’huile, les œufs de la dorade en apéro…
Partie de Backgammon.Henri remporte la partie brillamment…
Tsaëlou nous rejoint au crépuscule sous spi. Cela fait 2 jours que l’on ne s’était pas vus car la visibilité était moyenne. Content de vous revoir les amis…
jour 4:
Dès le lever du jour,La ligne est remise à l’eau et très rapidement une deuxième dorade pointe son nez… Bingo, un mâle de 105 cm et 6 kg, yessss…. trop contente la poissonnière ! aujourd’hui, journée cuisine: bocaux, séchage, et poisson à tous les repas, grillé, en sauce ou en tartare… une vraie cure de phosphore…
Jour 5:
Après les délicieuses darnes en sauce du déjeuner, une constatation s’impose: nous n’avons plus de poissons frais à nous mettre sous la dent… ok vas-y, envoie Patrick… et paf, moins d’une heure après, nous sortons une coryphène, un mâle de 80 cm et 3,7kg. Nous arrêtons la pêche pour 2 jours..
Aujourd’hui après midi Spi sans la GV, comme ça, pour essayer… résultat: bof bof …Très bien quand la mer est sage, mais moins agréable quand les vagues font rouler le bateau…
Et la navigation !
La stratégie de départ était d’arrondir la trajectoire par le nord pour éviter des calmes qui semblaient se profiler sur la route la plus courte (orthodromie). Facile, il suffisait de se mettre un peu plus travers au vent et ce réglage est plus tolérant pour le pilote. Depuis hier, les données grib captées par l’iridium de Tsaélou nous promettent des calmes sur cette route plus nord. Nous devons donc maintenant repiquer un peu vers le sud avec le vent venant bien dans l’axe à l’arrière du bateau et là… c’est instable. Disons que, au rythme des vagues, les voiles tentent de s’établir à bâbord ou à tribord. Résultat: nous devons multiplier les empannages pour suivre globalement la route et zigzaguons à 25 ° de part et d’autre de la route en changeant de cap toutes les 3 ou 6 heures, nous gagnons en stabilité et confort de vie… Nous hissons le spi que nous affalons toujours la nuit en théorie… Dans l’ensemble, l’alizé est assez régulier entre 12 et 16 nœuds la plupart du temps. A ce jour, nous n’avons manqué de vent qu’une demie journée mais tout est relatif parce que Calico Jack se comporte très bien dans le petit temps… Du coup, la mer est plus calme et c’est beaucoup plus reposant pour le navire et son équipage.
Coté électricité, pas de folie! le minimum de consommation est malheureusement la doctrine du bord. Le matin, nous attendons le soleil avec impatience et le soir nous nous désolons de le voir disparaitre derrière la grand voile. Nous en arrivons même à choisir les changements de direction pour optimiser l’ensoleillement des panneaux. Les nuages n’ont pas grande place dans nos cœurs de même que les matins brumeux.Tant pis pour la poésie…
Par la VHF nous communiquons avec les voisins de palier et nous donnons nos positions respectives toutes les 3 heures environ. Il nous arrive d’échanger aussi des recettes de cuisine, des avis techniques sur tel ou tel bricolage en cours ou des états d’âme. Nous avons même essayé d’échanger des fichiers avec nos antennes wifi (les grandes oreilles) lorsque l’on se croise à quelques centaines de mètres. Il faudra que l’on réessaye… On y était presque… Oui MAIS… dans une embardée, l’antenne s’est vautrée et a perdu une oreille… zut alors… là ça na marche plus du tout… Bon, pour la musique, on va leur chanter des chansons … trop classe la VHF… En même temps, là où on est, on ne dérange personne… Heureusement d’ailleurs car nous ne sommes pas vraiment des musiciens… On s’amuse comme on peut…
jour 6:
Nous mangeons toujours sur les réserves de frais. Pas de conserves en ce moment. L’organisation est nécessaire pour ne pas oublier fruits ou légumes bien mûrs qui s’abiment ensuite très rapidement. Nous sommes déçus par la durée de vie des citrons. Nous en avions beaucoup mais ils sont tout secs et les pertes sont nombreuses dans leur rang. Adieu ti-punch, nous réservons les derniers aux poissons qui auront l’amabilité de mordre dans les jours à venir.
Bonne nouvelle ce soir! Nous avons reçu des fax météo d’excellente qualité par la BLU, les meilleurs qu’on ait jamais eus. Pourvu que ça dure !!!
Le vent nous pousse toujours bien. Encore une journée à plus de 7 Nœuds de moyenne avec quelques surfs impressionnants. Pas de spi aujourd’hui car le vent s’est mis à souffler un peu fort au moment où on allait le hisser. Ce sera sans doute pour demain! quoique entre les mouvements dûs aux vagues et la coupe du spi “maillot brésilien”,au niveau stabilité, on repassera ! ce n’est pas de tout repos !! surtout pour jouer au backgammon, les pions se déplacent tout seul, c’est l’embrouille!!!
Jour 7 ( 10 décembre).
“Cela fait donc 6 jours que nous sommes partis et on devrait avoir fait la moitié de la route ! – Wouah… bravo pour les calculs l’ingénieur… tu t’ennuies à bord ou quoi ??? il te tarde d’arriver ?? -non, non juste pour dire que la mi-parcours mérite bien un petit apéro… –yeah man !!”
Le double train de vague est toujours là , emmenant Calico Jack dans des valses endiablées de bal musette…” Quand on s’promèèène au booord de l’eauuuu….“ C’est ambiance “Tournez manège” sans Charly Oleg… Oh… en fait, on s’habitue… Il suffit de ne rien poser, ne rien bouger sans tout tenir… Cela demande une grande concentration… Et comme tout le monde le sait, l’équipage n’est pas du tout distrait !!! le plus sur, c’est de ne pas bouger et de bouquiner… Notre bibliothèque est bien fournie et c’est un réel plaisir…
Jour 8:
R.A.S… métro boulot dodo… la routine quoi !!! Nous nous autoproclamons “bateau assistance” de Tsaelou au cas où… ils ont eu beaucoup de petites galères, spi bien déchiré, et petites misères sans gravité mais qui leur demande du temps, de la patience et beaucoup d’énergie, nous restons donc à proximité, tant pis pour les performances nautiques… la solidarité avant tout… pour leur remonter le moral, nous leur avons concocté et chanté une petite chanson par VHF… Notre public préféré a adoré… Le jeu de la bataille navale reprendra plus tard !!!
Jour 9:
Allez Hop, au boulot Patrick, on lui a rajouté un petit exocet bien sec, voyons si cela va fonctionner… 10 mn plus tard, le moulinet s’emballe (nos cœurs aussi !!! trop fort Patrick Hernandez !!). nous sortons une coryphène femelle, 78 cm et 2,7 kg, pas très grosse vu sa taille mais super nerveuse… Elle a droit à son grogue du Cap Vert… et s’endort doucement… On va encore se régaler… des futures grillades et un énorme tartare au gingembre…
Allez, encore une fois: et hop ! Une carangue gros yeux. Et c’est elle qui va finir dans le vin blanc et au four avec des oignons, de l’ail, des poivrons et du citron: c’est tudo bom !!!
Comme vous pouvez le remarquer, on ne se laisse pas abattre et c’est masterchef tous les jours à bord !!!
poterie (et oui pourquoi pas ?): façonnage… bon évidemment, il n’y a pas un atelier dans le navire (quelque peu exigu)… Tout cela est purement expérimental et surtout jouissif, ça faisait trop longtemps que les mains de Géraldine n’avait pas touché d’argile. Kit du potier: au gré des trouvailles… Une terre qui à l’air très plastique ramassée à Boa Vista (Cap Vert) , une autre trouvée à Isla Los Lobos, Fuerteventura (Canaries). Il est prévu de faire cuire ces petits bols dans un four à sciure; pot en ferraille, sciure et copeaux de bois récupérés sur le chantier naval de Mindelo et la cuisson sera menée à l’occasion d’un futur mouillage…
Jour 10:
poterie: polissage à l’aide de pièces d’accastillage avec des arrondis intéressants, trouvés ça et là dans la boite à inox. C’est vachement limité sur un bateau mais bon ça occupe sacrément…
Coté navigation, nous sommes toujours au ralenti afin d’attendre Tsaelou qui a ouvert un atelier couture… Ils cousent, cousent, cousent inlassablement leur grand spi… On décide cette fois-ci pour leur faire plaisir de rebrousser chemin au prés et travers, ça glisse, c’est cool et de tournicoter autour d’eux, on envoie le spi (pour les motiver dans leur besogne) et on passe un moment bord à bord… Souriez, vous êtes filmés !!
Jour 11:
Cela devait arriver, chute du PC de 1,60M .Aie! Plus de peur que de mal . Il souffre d’une légère entorse au niveau de l’articulation de l’écran, mais il fonctionne toujours… Une bonne affaire ce PC , vraiment robuste jusqu’à présent…
A bord, réglage de l’horloge: mise à l’heure antillaise (TU – 4) car nous ne sommes plus qu’à un fuseau horaire des Antilles .Cela va permettre de se régler avant l’arrivée. Bien sûr, nous continuons à remplir le livre du bord avec l’heure UTC et laissons les appareils de navigation en UTC également…
Journée calme, peu de vent, pas de poisson… En fin de journée, hissage du spi sur l’autre bateau pour essais… concluants…chouette, c’est reparti pour de la vraie voile, il faudrait juste un peu plus de vent… 10 nœuds, c’est un peu mou… Mais Calico Jack se débrouille pas si mal et glisse doucement…
Jour 12:
Empannage pour un grand bord de spi avec N-O le matin pour bien orienter les panneaux vers le soleil levant.La liaison radio avec Tsaelou qui est parti un peu vers le sud est rompue. Nous pensons nous recroiser sur le bord suivant.
Pas de Dorade ni algues ni rien d’autre au bout de la ligne. Fini les eaux poissonneuses ? cela fait déjà plusieurs jours que nous croisons des nappes de sargasses…
Après avoir été trop occupés à l’intérieur et laissé le bateau avancer tout seul avec peu de vent et du roulis, nous nous retrouvons avec une grosse cocotte du spi autour de l’étai!.. 3/4 d’heure pour remettre tout ça en ordre. Ouf! rien de déchiré! Hop, on renvoie… N.B: une cocotte est une sorte de soutien-gorge vertical dont on se passerait bien!!
Le relai de répartition de charge des batteries de service joue les susceptibles. Nous en profitons pour vérifier l’ensemble du câblage électrique, nettoyage des cosses , resserrage des connections. Ce soir tout cela fonctionne à nouveau…
Géraldine prend soin de sa crinière. Le démêlage sans démêlant c’est du taf, avec de l’huile d’olive (du Portugal), ça aide !! Enfin c’est bien emmêlé quand même, pour l’observateur qui observe, il y avait des dreads… la séance a duré presque 2 heures…
Jour 13:
Dans la nuit, toujours pas de Tsaëlou ni en visuel ni en VHF! Nous ne ralentissons pas, le mieux est de garder une allure habituelle si on veut se donner une chance de se recroiser. Nous sommes à 339 milles de l’arrivée et nos routes devraient converger à un moment donné. Deuxième nuit sous spi, c’est exigeant pour la veille,il faut le surveiller de près car on voudrait éviter de recommencer les cocottes comme hier . Nous doublons 2 voiliers qu’on avait repérés à l’AIS, et les premiers clairement rencontrés depuis le départ du Cap Vert. Nous échangeons quelques mots sur le canal 16, eux vont à Grenade… Nous leur demandons de tenter de joindre Tsaëlou, que nous retrouvons sur les ondes au petit matin…
Toujours sous Spi, toujours bredouille, Géraldine regrette de ne pas avoir vidé l’océan de ses poissons tant qu’on le pouvait! C’est de la faute d’Henri qui a pu dire une bêtise du genre , “on a plein de poisson frais, on pêchera au rythme de nos besoins…et puis … on pourrait manger de la viande pour changer… -Mais oui bien sur, et si on pêchait un bon gigot d’agneau ? ou bien une entrecôte ?” Mais voilà maintenant les besoins sont là et …plus rien. Le fardeau de la responsabilité est lourd à porter.
Nous mangeons nos dernier légumes frais. Il reste des concombres et quelques fruits parfois trop mûrs. Oranges , pommes, et citrons tous secs. On pourrait encore tenir avec le reste des provisions. Mais le frais c’est vraiment plus réjouissant ….
Nous arrivons bientôt, la soirée démarre bien, l ’apéro se prépare: bière fraîche , olives piquantes, oreilles de cochon grillées ,tapas genre boîte de morceaux de langoustines. Un bruit du moulinet: une grosse touche, Henri a même vu le gros poisson sauter…. deuxième attaque 10 secondes après, hé hé le revoilà et puis plus rien …zut, il est parti en emmenant le roi du disco. RIP Patrick Hernandez… Géraldine confectionne aussitôt un nouveau leurre. On y croit . Comment on va l’appeler celui ci ? A la tombée de la nuit , nouvelle alerte du coté du moulinet. Cette fois l’ensemble est ramené complet. Une fois à bord, on examine l’animal … Qui es-tu, long de 90cm, moins de 1,5 Kilo ,ta grande bouche aux dents acérées? Serais-tu un thazard, par hasard ? on aimerait bien savoir… En attendant, voilà le déjeuner de demain…
Carrément pas bon: Il fait nuit, un mouvement du bateau qui roule dans les vagues, un bruit… on allume le feu de pont : trop tard !! Le constat fait mal: le spi s’est déchiré dans sa partie haute et ça semble important à première vue…tristesse ! Nous avions eu des alertes les jours précédents: Petits accrocs aussitôt réparés; d’où viennent-ils ? surement du radome ou d’une barre de flèche, une vis ou un angle un peu trop saillant. Henri s’était promis de monter dans le mât, à l’arrivée. Trop tard pour le spi mais il faudra quand même aller voir cela. Le moral n’y est plus. Finie la bataille navale, nous déclarons forfait pour cette manche…
dernier jour
Nous sommes presque arrivés mais nous n’avons plus de spi… Après expertise des dégâts, la réparation sera assez simple, la déchirure transversale est bien nette et celle verticale du côté du bord de chute tribord aussi… Nous n’avons plus qu’à trouver un voilier en arrivant… ou une bonne machine à coudre … (Géraldine n’a pas eu le droit d’emmener la sienne: trop lourde d’après le chef ingénieur !!))
Nous avons eu droit à notre petite chanson par le Tsaëlou quartet… c’était super… merci !!!
Les fameux grains sous les alizés: on attend toujours l’occasion de se doucher nus dans le cockpit sous une pluie tropicale… il y a eu une seule (petite) pluie qui a duré a peu près 2 minutes, même pas le temps de rincer le bateau… Calico Jack aussi a bien besoin d’une bonne douche pour effacer les traces rougeâtres laissées par l’harmattan, ce vent venu d’Afrique chargé de particules de terre et qui rend la visibilité médiocre la plupart du temps au Cap Vert…
Toutes les nuits à part les premières ont été plus belles les unes que les autres, des ciels d’une limpidité incroyable, des étoiles filantes, des nuits magiques où l’on apprécie les quarts de nuit, qui deviennent tout à coup des moments calmes et propices à la méditation… La dernière nuit, un halo lumineux sur l’horizon nous signale la présence de la Barbade, le vent a fraichi, nous avons pris un ris… et nous déboulons pied au plancher poussés par 25 nœuds de vent et des vagues parfois déferlantes… Aux aurores, nous sommes au mouillage à Carlisle Bay, Bridgetown, Barbados… 13 jours et 22 heures…
” Good Morning Caraïbes… Calico Jack is back… Let’s have a rum !!!”